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Ce matin j'ai commencé mes semences de tomates. Je les ai précieusement sorties des sachets, dans lesquelles elles attendaient patiemment, et je les ai plantées dans les pots sous ma petite serre. En tenant en main ces minuscules graines, j'ai ressenti un moment de grande humilité. Chacune de ces graines savait exactement pourquoi elle était ici.
Je les ai observées et elles savaient fort bien ce qu'elles avaient à faire. Nul besoin qu'on leur indique le mode d'emploi, dans cette enveloppe, tout s'y trouvait, la tige, les feuilles, les fruits, la saveur... Tout est donc rassemblé, au creux de ma main, toutes les informations nécessaires pour devenir une belle tomate, pas un concombre ni une carotte, la tomate ne se tromperait jamais à ce point.
Et pas juste une tomate, non, "Petit Chaperon Rouge", "Blush", "Green Doctor Frosted", chacune d'elles d'une couleur, texture, saveur différente. Et la "Green Doctor Frosted" ne sera jamais rouge, car, comme le nom l'indique, elle est verte. Point. Pas de discussion.
La graine a patiemment attendu que je la sorte de son sachet et que je la mette dans le meilleur environnement possible pour qu'elle puisse suivre sa destinée et devenir ce qu'elle a toujours été: une tomate.
Petit Chaperon Rouge" n'enviera pas la couleur orangée de sa cousine "Blush", Green Doctor Frosted" ne boude pas car "Petit Chaperon Rouge" est beaucoup plus sucrée, non, elles vont toutes bien s'harmoniser dans mon jardin.
La question que je me pose donc ; pourquoi est-ce que quelque chose qui vient de façon si naturelle à la tomate, est si difficile pour moi ? La plupart d'entre nous, et moi la première, ne connaissent pas leur destinée, passent leur vie à naviguer entre vouloir être concombre, tomates, carottes et pourquoi pas cosmos, une fleur, après tout, ce n'est pas si mal.
Vous pouvez me dire que tout ceci ne nous concerne pas, car bien visiblement nous ne sommes pas des tomates, ni des concombres.
C’est vrai. Mais avons-nous une destinée, une chose qu’on est « venu faire sur cette terre » ? Nous avons des talents, des affinités, des projections, des rêves, et puis frappe ce qu’on appelle la réalité. La réalité de qui ?
Est-ce que la destinée est, tel le fameux prince charmant des contes, inexistante. Il n’y a pas un, mais une multitude de « princes » imparfaits, quelquefois même pas charmants. Le problème viendrait-il de là ? Au lieu de connaître notre destinée, on attendrait notre prince charmant pour nous réveiller et nous montrer la route. Et ce pauvre prince, qui court les terres et dédie sa vie à trouver LA princesse et de la sortir des ténèbres, il n’a pas la vie facile non plus.
Mais je me perds…
Revenons à ma question initiale ; a-t-on une destinée, qui n’est pas un long fleuve tranquille, mais une direction, un but ou bien est-ce qu’on doit s’inventer en cours de route ? C‘est clair qu’il y a les deux, pour ma part, je fais partie de la deuxième catégorie.
En bref, je ne sais pas pour vous, mais moi, j'envie ma petite graine de tomate, et j'ai pris le pari de m'en inspirer car j'ai encore beaucoup à apprendre.
